Interview partie 2 : mon expérience aux États-Unis


Avant la reprise du championnat, ces derniers mois ont été riches en émotions pour toi, puisqu’après votre victoire en Coupe de France, tu es parti aux États-Unis pour des workouts, puis  tu as enchainé avec la Coupe d’Afrique, l’Afrobasket. Peux-tu nous raconter comment ça s’est passé ? Déjà la Coupe de France, c’est mon premier […]

Oct 14
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Avant la reprise du championnat, ces derniers mois ont été riches en émotions pour toi, puisqu’après votre victoire en Coupe de France, tu es parti aux États-Unis pour des workouts, puis  tu as enchainé avec la Coupe d’Afrique, l’Afrobasket. Peux-tu nous raconter comment ça s’est passé ?
Déjà la Coupe de France, c’est mon premier trophée en tant que pro, même si avec les espoirs j’avais gagné le titre de Champion de France. C’était un super événement, car on tombait sur Nanterre, qui nous avait battu deux fois dans la saison. Et à ce moment-là, ils étaient très chauds, d’ailleurs ils ont gagné le championnat. On les redoutait quand même, avant le match on s’est tous dit allez les gars, c’est le dernier match de la saison, il faut tout donner et essayer d’arracher cette victoire, on n’a plus rien à perdre, après avoir fini 12è du championnat. On a joué ce match-là à fond, même si personnellement je n’ai pas beaucoup joué (2 min). C’est vrai que j’étais un peu déçu, même si en demi-finale j’avais beaucoup joué et je pense avoir été un des joueurs à avoir permis d’atteindre la finale. Mais tant qu’il y a la victoire ! J’étais vraiment content, en plus c’était la première fois que je jouais à Bercy, devant 15 000 spectateurs. C’était vraiment pas mal !

Ensuite, j’ai changé d’agent et mon nouvel agent m’a trouvé des workouts aux Etats-Unis avec les Milwaukee Bucks et les Brooklyn Nets. Je devais même partir un peu avant à Los Angeles sur un camp, avec beaucoup de scouts NBA, avec toutes les franchises. Ça m’aurait certainement permis d’avoir plus de workouts. Mais ça ne s’est pas fait à cause d’un problème de visa. Donc je suis parti là-bas pendant un mois, j’étais d’ailleurs chez un joueur des Milwaukee Bucks, Luc Mbah A Moute (transféré aux Kings de Sacramento depuis). Je me suis entrainé quotidiennement et deux fois dans la journée avec un coach qui s’appelle Mike Lee, afin d’être le mieux possible pour les workouts. Je me suis également entrainé avec le petit frère et le cousin de Luc, ça s’est super bien passé, tout en découvrant les États-Unis car c’était la première fois que j’y allais. D’ailleurs c’est super, c’est un autre monde, c’est vraiment très impressionnant, même si on a l’habitude de voir la ville à la télé dans des films ou des séries… Mon premier workout était donc à Brooklyn, je me suis renseigné auprès de l’hôtel pour savoir comment aller de Brooklyn à New York, j’ai déposé ma valise à l’hôtel, j’ai pris mon sac à dos, mon téléphone et un plan, et je suis parti à l’aventure !

Je me suis bien préparé physiquement et mentalement, je me suis dit c’est maintenant ! Je réalisais que j’avais franchi un palier.

Le lendemain, tout était organisé par le club pour les workouts, c’est-à-dire qu’ils sont venus chercher tous les joueurs à l’hôtel. Nous étions 8, avec des joueurs venus d’Europe, d’High School… Le club nous avait donné une sorte de programme, donc tout était super bien organisé. Ce jour-là je me suis bien préparé physiquement et mentalement, je me suis dit c’est maintenant ! Je me suis rappelé mon parcours, je me disais qu’il y a quatre ans j’étais encore en cadet et qu’aujourd’hui je suis ici pour des workouts. Je réalisais que j’avais franchi un palier. Arrivés au centre d’entrainement, on a mangé là-bas car tout est centralisé, il y a des salons avec télés et jeux vidéo, des coins pour se reposer… Et juste à côte, il y a les terrains ! Et je pense d’ailleurs que c’est pour ça qu’ils progressent assez vite, car les joueurs sont souvent ensemble. Jason Kidd, le coach de Brooklyn est venu parler avec moi, mais aussi avec un joueur drafté par New York, Tim Hardaway. Puis direction les vestiaires pour se préparer. Arrivés dans le gymnase, ce qui m’a tout de suite impressionné, c’est qu’il y a 5 ou 6 personnes qui s’occupent de chaque joueur. Tu n’as même pas besoin d’aller chercher ton rebond, tout le monde est disposé pour ça. Certains sont disposés pour les rebonds, d’autre pour te donner une serviette, pour te donner des boissons… Tu es là, tu shootes et c’est tout. C’est impressionnant. On a eu également des tests physiques à faire, des jumps etc… Dans ma catégorie, j’étais un peu le plus petit de taille, vu que je suis poste 3 et c’était des postes 3/4. Mais je n’étais pas stressé, car j’ai la foi et je savais que si j’étais là ce n’était pas pour rien, et que même si je n’étais pas pris, gloire à Dieu. D’ailleurs, les tests physiques et de rapidité se sont super bien passés, et franchement j’ai mangé les gars ! J’étais toujours plus rapide sur les parcours, si mon adversaire faisait 8 secondes, moi j’en faisais 6. Les gars étaient impressionnés, tout comme le coach.

Tu ne peux pas montrer le moindre doute.

Pour le test de jump, je n’avais jamais fait ça. Je ne travaille pas forcément mon jump, mais je me suis dit qu’il fallait faire ses preuves et essayer. J’avais le droit à trois essais, le premier je réussis bien, et le coach me dit que je peux faire un peu plus. Au deuxième essai, je frôle l’objectif. Il m’a demandé si je voulais tenter le troisième essai, j’ai dit bien sûr car tu ne peux pas montrer le moindre doute. Et au troisième essai je touche la barre vraiment facilement. Ensuite, on est passé à l’entrainement devant les médias. Le seul hic, c’était que vu qu’il n’y avait pas d’adversaire équivalent au poste 4, ils m’ont choisi car j’étais le plus costaud. Je n’ai pas non plus voulu montré une faille en refusant car je suis poste 3, mais j’étais un peu déçu, car je savais que je ne pourrais pas montrer totalement ce que je savais faire. Mais j’ai quand même cartonné, le premier écran que j’ai mis à un gars, il est tombé par terre et il avait mal pendant 5 minutes. Et j’avoue que les gens qui t’observent aiment ça, ils se disent que c’est comme ça qu’il faut être.

Ensuite, j’ai passé les tests à Milwaukee. Nous étions tous ensemble, avec le staff et les joueurs dans un restaurant et j’ai discuté avec quelqu’un qui était déjà venu me voir jouer l’année dernière, quand nous avions joué en Coupe d’Europe les Okapi Aalstar. J’avais joué et marqué 13 points malgré une blessure à la hanche. Ensuite on est parti à la salle, que je connaissais un peu car j’y étais déjà allé avec Joffrey Lauvergne, qui s’est fait drafté par Memphis et qui est au Partizan Belgrade. Après avoir passé une visite médicale avec les kinés du club, on a commencé à s’entrainer avec des exercices de shoots. On en a fait beaucoup. Il y avait un italien du même âge que moi qui a joué le championnat d’Europe, un poste 4/3, 2,06 m et c’était un peu lui contre moi à la base. Après avoir fait les exercices, on est passé au jeu, et on s’est retrouvé en 1 contre 1 : il y a un joueur dans un camp, un joueur qui défend et qui attend au milieu de terrain. Le premier joueur attaque en pleine vitesse, et le défenseur doit l’arrêter. Et vraiment sur cet exercice, il n’avait rien pour lui, il ne pouvait pas attaquer.

Le coach nous a interrompu alors que le 1 contre 1 devenait très chaud, en disant « c’est ça qu’on veut ! »

J’étais trop présent ! Ça s’est joué aussi au mental car au début, je me posais trop de questions, je me demandais ce qu’il fallait faire de mieux pour impressionner. Mais je me suis dit Gio, ce n’est pas comme ça que tu es d’habitude. Donc je me suis lâché et ça a été beaucoup mieux. Je me souviens d’une confrontation avec Glen Rice Junior (fils d’un ancien joueur NBA), qui jouait en D-League l’année dernière et qui s’est fait drafté. Et lui et moi, ça se tapait ! Le niveau d’intensité qu’il y avait entre nous deux était impressionnant ! C’était le seul avec qui c’était vraiment intense. D’ailleurs je le respecte beaucoup car c’est un mec super sympa en dehors du terrain, mais sur le parquet, c’est un vrai compétiteur qui donne beaucoup d’intensité dans les duels. Et le coach nous a interrompu alors que le 1 contre 1 devenait très chaud, en disant « c’est ça qu’on veut ! ». Ils voulaient voir justement cet état d’esprit de guerrier.

A la fin de ces exercices, le coach est venu serrer la main à tout le monde, et il m’a dit « toi, dans mon bureau ! »

Ensuite, il y a eu un exercice de dunks, tu prends la balle à la limite des lancers francs du côté de la touche, le coach a la balle, tu cours, tu prends la balle, tu fais un dribble et tu pars au dunk. Et plus tu fais l’exercice, plus le coach recule, toujours avec un dribble, ça veut dire que même au milieu de terrain tu fais l’exercice, et sans marcher. Donc il faut avoir de grands appuis, il faut être athlétique. J’avais grave du jus, j’étais bouillant. Mes appuis sont à gauche, je mets beaucoup de dunk main gauche, à droite j’ai un peu plus de mal à cause d’une blessure que j’ai eu. Mais ce jour-là, main droite ou main gauche, j’étais chaud ! On a commencé par la droite, j’en ai enchainé 4. Ensuite il fallait le faire à gauche, et là je me suis dis que j’allais battre tout le monde car je sais qu’à gauche c’est mon point fort, avec ma jambe d’appui droite pour monter ma gauche, j’ai de la puissance. Par contre, ceux qui étaient à droite avaient du mal avec la main gauche, parce qu’ils n’ont pas l’habitude de dunker main gauche. Et là, il n’y avait que moi qui dunk, plusieurs ont tenté mais ont raté. J’en ai enchainé 3, et le 4ème, je suis monté et j’ai dunké comme contre Gravelines la saison dernière, j’ai claqué la balle fort, avec la rage ! A la fin de ces exercices, le coach est venu serrer la main à tout le monde, et il m’a dit « toi, dans mon bureau ! ». J’étais le seul à qui il a dit ça. En tête à tête avec lui, il m’a demandé quel âge j’avais, d’où je venais, si ça m’intéressait d’être là, est-ce que je connaissais la ville… Il m’a parlé comme si le lendemain j’allais être pris. Et finalement même si je n’ai pas été pris, ils ont fait savoir à mon agent qu’ils ont été très impressionnés par mon jeu, ma puissance et mon intensité, et qu’ils viendraient souvent cette année pour me voir jouer et voir si je progresse. Ça reste donc une super expérience, et en principe l’année prochaine, je retournerai aux États-Unis pour jouer les NBA Summer League.

Suite et fin de l’interview demain !

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