GIOVAN ONIANGUE : ENTRE PARTAGE, BIENVEILLANCE ET COMPÉTITION


Il a quitté Levallois pour Boulazac cet été. Avec simplicité et bonne humeur, Giovan Oniangue a accepté de revenir sur son parcours, sa carrière, ses ambitions et sa personnalité. Portrait d’un joueur généreux sur et en dehors des parquets. « Pourquoi j’ai arrêté le football ? Parce que je suis tombé dans le basket tout […]

Sep 26
0 0

Il a quitté Levallois pour Boulazac cet été. Avec simplicité et bonne humeur, Giovan Oniangue a accepté de revenir sur son parcours, sa carrière, ses ambitions et sa personnalité. Portrait d’un joueur généreux sur et en dehors des parquets.

« Pourquoi j’ai arrêté le football ? Parce que je suis tombé dans le basket tout simplement et que j’ai adoré. » C’est dans un grand sourire que Giovan Oniangue (1,97 m, 26 ans) s’est rappelé de ses débuts avec la balle orange. Cette constante bonne humeur et ce sourire sont indispensables au natif de Brazzaville (République démocratique du Congo). « Je suis passé par des évènements très douloureux. J’ai vécu la guerre dans mon pays d’origine en étant petit. On voit des choses qui nous marquent à vie : les tirs, les soldats, les armées… Mon papa a subit un attentat en 1993, il a reçu des balles. Ce sont des évènements qui te forgent et qui te font réaliser que la vie ne tient qu’à un fil. » Justement, le fil de sa carrière, ce poste 3 ne l’avait pas prémédité. « Je suis arrivé à Chelles (Seine-et-Marne) à l’âge de huit ans. Mais même si mon papa était un ancien joueur professionnel de basket au Congo, je pratiquais le football. Tous les basketteurs français ont commencé par ce sport. Je devais même intégrer le centre de formation de Vincennes à l’époque. » Sauf que le basket en a décidé autrement.

Un poster et 27 points pour se faire remarquer

Aujourd’hui, Giovan reste un passionné de football. Son frère, Prince, est notamment professionnel dans le club de Wolverhampton. « Nous sommes toujours en contact, tous les jours même. Il m’a beaucoup conseillé dans mes plus jeunes années. Aujourd’hui, j’ai un peu plus d’expérience, mais il m’oriente toujours sur certaines décisions. » La décision d’arrêter le football, par contre, Giovan l’a prise toute seule. C’est en cherchant un lycée que l’ailier du BBD débarque au Sport-Études de Saint-Nicolas à Issy-les-Moulineaux. « Je suis vraiment tombé dans le basket. J’ai commencé à jouer dans un club à Issy-les-Moulineaux pour m’amuser car je prenais beaucoup de plaisir. « Et un jour, on devait jouer à Levallois. Je n’attendais pas ce match spécialement car le basket, je n’en faisais pas une possible voie professionnelle. » Et pourtant, 27 points plus tard et un poster dunk en prime, l’international congolais se fait remarquer par les coachs du club des Hauts-de-Seine. « Le lendemain, le coach des Cadets France, Rodrigue Jules-Gaston, m’appelle et propose de participer à un stage de vacances pour la saison prochaine. J’y suis allé et ils m’ont gardé. » Lors de sa première année Cadets au club, Giovan est entraîné par Jean-Marc Dupraz au niveau régional. Pendant la deuxième année, c’est avec le groupe France qu’il progresse. « Mais dans ma tête, je n’avais pas du tout l’idée de devenir professionnel. Je ne savais pas trop jouer, mais j’étais très athlétique. Je sautais, je courais et je défendais fort. Bien sûr, c’était plaisant d’être dans un club référencé comme Levallois, mais c’était encore du loisir pour moi. »

Calme et réfléchi, il observe ses coéquipiers déjà bien en avance techniquement par rapport à lui. « À l’époque, il y avait Lens et Jordan Aboudou, Junior M’Bida… Je n’avais pas le talent pour devenir professionnel. Beaucoup de joueurs s’entraînaient ou jouaient même avec la Nationale Masculine 3. »

« J’ai passé mon baccalauréat avec 40° de fièvre »

À défaut de commencer une voie dans le commerce international comme sa mère, Giovan Oniangue continue de travailler au gymnase. « Après mes deux années cadets, j’ai fait mes deux années espoirs ici. J’ai beaucoup travaillé avec Ron Stewart, Rodrigue Jules-Gaston, Jean-Marc Dupraz pour progresser. Pendant les vacances, je me levais à 6h pour être à 7h au gymnase et gagner ma place. Ron a vraiment cru en moi. Il pensait vraiment que je pouvais vite évoluer (…) Lors de ma deuxième année Espoirs, on termine premier de la saison régulière, mais on échoue en finale du Trophée du Futur, comme l’année précédente. Ça reste une grosse déception car j’aurais aimé remporter ce titre dans cette catégorie. » La déception est vite effacée lorsque Giovan effectue ses premières apparitions en Pro A lors de la saison 2009/10 et signe son premier contrat professionnel en 2011/12. Mais surtout car le jeune homme réussit à obtenir son baccalauréat… avec 40° de fièvre ! « J’ai obtenu mon bac de comptabilité en étant très malade et avec une grosse fièvre. Mais c’était normal de l’obtenir. Bernard Heissel, du club de Levallois, a tout le temps été là pour moi. Il ne m’a jamais lâché. Ce n’est pas partout qu’il y a des personnes comme ça, qui prennent soin de ta santé, de ton mental, viennent de te chercher, t’amènent en cours. Pour preuve, il était devant mon appartement le jour de l’examen écrit car j’hésitais à y aller ! »

« Une fierté d’avoir joué 10 ans chez moi »

Avec ses deux années Cadets, deux années Espoirs et six années professionnelles, Giovan est resté en tout dix ans dans le même club. Une longévité rare pour un sportif. « Ça été une fierté de porter le maillot du Paris-Levallois pendant dix ans. C’était un honneur de représenter ce maillot. Et pourtant, il n’y avait rien d’acquis. Je suis un Francilien depuis longtemps, mais on a eu une relation de confiance avec tous les coachs, que ce soit Jean-Marc Dupraz, Christophe Denis, Gregor Beugnot, Antoine Rigaudeau, Frédéric Fauthoux. » C’est avec le Petitou que Coco Pop’s, un surnom que lui a attribué Olushina Ikuesan, se blesse gravement l’année dernière : rupture des ligaments croisés sur la première journée du championnat. « Bien sûr que ça a été un moment difficile, c’est compliqué de revenir. Tout le monde était triste pour moi, mais j’étais assez souriant et jovial. J’ai gardé le sourire pendant toute la rééducation, ça permet de relativiser certaines choses et de prendre sur soi. Grâce à Dieu et Jésus-Christ que j’ai rencontré, j’ai trouvé la paix, l’amour, la joie, le bonheur. Je suis très heureux de pouvoir le représenter dans la vie de tous les jours, que ce soit sur et en dehors des terrains. » Aujourd’hui, Giovan se sent à 100% et sa blessure est derrière lui. Tout comme Nicolas Lang et Louis Labeyrie. « Ce sont les deux plus grands mauvais perdants que j’ai rencontré. Ils détestent perdre », se souvient en rigolant le vainqueur de la Coupe de France 2013. Au final, Giovan aura disputé 161 matchs de saison régulière avec le club francilien et 11 de playoffs. Des playoffs que Boulazac va peut-être devoir attendre pour sa remontée dans l’élite, un championnat que le club n’avait pas connu depuis 2013.

« Venir au BBD pour passer un cap dans ma carrière »

« Le discours de Claude Bergeaud m’a plu. J’ai eu des contacts avec d’autres clubs, mais quand un coach comme ça t’appelle, tu as envie d’être reconnaissant. Il m’a demandé de venir si je voulais m’éclater, passer un cap dans ma carrière, grandir et être heureux. Je vais donner le maximum d’un point de vue personnel, je ne suis pas un homme de statistiques, mais j’essayerais d’aider l’équipe au mieux. » L’année dernière, Giovan n’a disputé que 5 rencontres pour 5,6 d’évaluation. Il y a deux ans, il tournait à 7,1 points (38,5% aux tirs et 31,7% à trois points), 2,8 rebonds, 1,3 passe décisive et 1,7 balle perdue en 25 minutes et 5,7 d’évaluation en 34 matches. « Collectivement, le BBD visera le maintien avant tout, mais on est des compétiteurs, on voudra toujours plus. » Lors de la première journée, le club s’est incliné au HTV 70-63 et Giovan a rendu une copie de -1 d’évaluation en 18 minutes (2 points à 0/3 aux tirs, 2/2 aux lancers, 1 rebond et 1 passe décisive).

Le partage et la paix à travers la religion

Installé depuis cet été dans le Périgord avec sa femme et son petit garçon de bientôt deux mois, le père de famille est heureux. « C’est un style différent de Paris, c’est plus apaisant et reposant. Il n’y a aucun bruit le soir, il fait le bon. Franchement, c’est super. Puis les infrastructures, le Palio, les supporters du BBD sont géniaux. On se sent vite chez soi. » Très croyant, très proche de sa famille et toujours dans le partage, Giovan Oniangue veut « continuer de partager cette paix intérieur qu’il a en lui pour la manifester à l’extérieur. » Avec une lecture de la Bible quotidienne, aucune sortie en boîte de nuit ou encore des chants chrétiens avant le match, ses coéquipiers au BBD savent qu’il y aura toujours une oreille attentive pour les écouter et les conseiller.
Comme le dit Claude Lelouch, « le monde du partage devra remplacer le partage du monde. »

Source : http://www.bebasket.fr/

par @GCharpille